Les récents travaux au pastel de Jacky Gabriel réintroduisent l'élément humain au sein de compositions dont les configurations oscillent entre abstraction biomorphique et géométrique. Mais bien plus que poser cette antinomie formelle, l'artiste entreprend une retranscription des énergies de vie, une sorte d'anthropologie chromatique qui, par la grâce subtile et virginale du pastel, transporte le regard et l'esprit aux sources ancestrales de l'imagination créatrice et de la matière picturale. Ce voyage dans l'univers des formes et des couleurs évoque d'abord les états primordiaux et indifférenciés des origines cosmiques dominés par les forces aquatiques et solaires. Puis nous voyons progressivement l'énergie brute s'organiser en langage euclidien ou s'échafaudent triangulations et poussées vectorielles, rectangles et carrés, ébauches de lieux et d'habitacles prêts à recevoir la figure centrale du personnage ; enfin celui-ci apparaît alors et dévoile la majesté de son corps dans un poudroiement de feu, de lumière et d'azur.

Genève, le 24 avril 1994

 Françoise-Hélène Brou

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