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EXPOSITION

Papiers

Jacky Gabriel

"J'ai lu le journal ce matin. L'ai taché de café et de miettes

de croissants. L'ai posé sur la chaise. Il est resté là

longtemps. Ai reçu des factures, des lettres, des cartes

postales, des prospectus, des pubs. Je n'ai pas tout lu

Chagrins et espoirs ravalés, ils ont atterri dans la corbeille,

vidée aux vieux papiers. Mais où est passé le carton

à chaussures, le paquet de cigarettes, le papier de fête ?

Départ pour les vieux papiers. Tranches de vie,

moments intimes, le journal, les lettres

et le carton à chaussures traînent désormais

sur un trottoir devant la fenêtre, d'un autre."

Patrick Rudaz, conservateur du Musée du Pays et Val de Charmey.

L'an dernier, au Musée de Charmey, lors de la Triennale internationale du papier, une quarantaine de plasticiens internationaux travaillant ce matériau avaient engagé un dialogue coloré et combatif entre leur support et les mégapoles.

L'installation de l'un deux, celle du Genevois Jacky Gabriel, avait reçu le troisième prix du jury. Le geste de l'artiste n'était pas gratuit : son appareil photo au poing, il avait sillonné la ville à bord d'un camion de la voirie et participé aux ramassages du vieux papier.

Il nous revient pour une exposition poétique avec sa complice, la critique et historienne d'art Françoise Helène Brou. Les textes et les photos orchestrent un contrepoint poétique et vivifiant de notre quotidien le plus quotidien. Un quotidien de rêve, plein de sens, de clins d'oeil complices et amuses... Comment ne pas sourire face à l'image des papiers lacérés soulignés d'une bande non encore déchiquetée portant la mention "Liquidation"?

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Ou face à la série des serial sacs ? Déchirures, clins d'oeil à l'informatique, réflexions sur les choses qui vont par trois naissance vie mort ; passé présent futur; les trois rois... Le papier dans la ville, c'est tout cela et bien plus encore. Un quotidien inattendu de formes baroques, végétales, de liquidations en confettis, de monuments, de moments broyés et ressucités par la magie du noir/blanc...

Pour finir temporairement, par les interrogations d'illustres questeurs Qu'est-ce qu'un papier ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Qu'est-ce qu'un homme dans l'infini ?

Catherine Graf

Papier dans la ville, Villa du Jardin Alpin, Meyrin, Genève, du 7 au 20 avril 2000.

a c t u a I i t é