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PASSAGES 1 GILGEN S.A. - MEYRIN

Peintures, sculptures, installations, dessins, vidéo, musique, danse; 1200 m2 d'exposition dans les locaux de l'entreprise Gilgen à Meyrin, 42 chemin du Grand-Puits, les 24, 25, 26 mars; les 31 mars, 1, 2 avril; les 7,8,9 avril 1995. Vernissage le vendredi 24 mars dès 18 heures

Dix-neuf artistes aux multiples expressions se sont réunis pour nouer un dialogue d'abord avec l'espace architectural d'un bâtiment industriel neuf et encore inoccupé, puis avec les diverses composantes plastiques, musicales, et chorégraphiques qui animeront ce lieu durant le temps de la manifestation. Cette collaboration entre art et industrie se veut porteuse de quelques traces à graver dans les mémoires comme pas sur la neige ou le sable, tout en contribuant à poétiser un espace d'abord fonctionnel. Le caractère "passager" de la manifestation a conduit la plupart des artistes à présenter des oeuvres crées ou improvisées in situ, conférant au lieu un caractère d'atelier-laboratoire, celui même de la gestation, où idées et formes interpellent librement l'imaginaire des créateurs.

"Si les créations ne sont pas un acquis, ce n'es pas seulement que, comme toutes choses, elles passent, c'est aussi qu'elles ont presque toutes leur vie devant elles"

Merleau-Ponty

 

artistes exposant:

Jean-Marie Borgeaud, peintre

Irène Dussoix, artiste

André Dussoix, peintre et plasticien

Jo Fontaine, sculpteur

Jacky Gabriel, peintre-plasticien

Jacqueline Guhl, musicienne

Gilles Gueguen, sculpteur

Irène Loew, poète

Maud Saini, peintre

Pascal Saini, peintre

Sylvie Wuarin, peintre

Dorothée Zweifel, plasticienne

Interventions musicales et chorégraphiques:

Trio Improvisation: Manon Hotte (danse), Jacques Siron (contrebasse), Philippe Ehinger (clarinette); le vendredi 24 mars à 20 heures et le samedi 25 à 16 heures

Concerts:

Yolanda Jamiolkowska (clavecin), Blaise Vaté (viole de gambe), Liliane Jaque (flûte), Claude Schaeppi (soprano); le 26 mars à 17 heures et le 7 avril à 20 heures 30

Remerciements:

A l'Entreprise Gilgen qui a généreusement prêté les magnifiques espaces de son bâtiment à des fins de création artistique.

A la commune de Meyrin qui nous a apporté son soutien.

A Karin Kleinberg et Christiane Seiss Rodriguez, organisatrices des "Ateliers Portes Ouvertes" à Genève, qui ont associé Passage(s) à leur belle entreprise pendant le week-end du 1 et 2 avril 1995.

Presse :

LE COURRIER Tribune de Genève Agenda Genève

TSR Journal télévisé Radio Pleine Lune

Commissaire de l'exposition:

Françoise-Hélène Brou, critique d'art

 

Dans cinq ans, nous basculerons dans le troisième millénaire, comment aborder ce passage ?

Les périodes dites "fin de siècle" correspondent à des passages à vide où les avancées civilisatrices connaissent essoufflement, décadence et remise en question. Le changement de millénaire, mystique des nombres oblige, sécrète des angoisses autrement plus profondes, puisque cette échéance renvoie à la doctrine du millenium, soit celle du retour du Messie annonçant résurrection des morts, jugement dernier et extinction du monde ...

Qu'on croie ou non à ces principes n'empêche nullement que sur le plan de l'inconscient collectif se développe un climat de crise morale qui tend à faire le procès, la psychanalyse, l'autopsie, bref l'inventaire de ces derniers mille ans d'histoire, avant de franchir une nouvelle porte du temps. Les fondateurs de notre modernité nous ont appris à reconnaître l'illusion des transcendances, ils ont dénoncé aussi, après les avoir célébrées, les chimères du progrès scientifique et technique, mais à l'inverse ces savoirs perçant la nuit de tous les obscurantismes n'ont annoncé ni aube, ni jours meilleurs; néant derrière, néant devant. Les théories de la culture, en ce qui les concerne, n'ont pas empêché totalitarismes, génocides, massacres et famines et les leçons à tirer de ces expériences sont à l'évidence ambiguës.

Comment sortir du vingtième siècle, de ce second millénaire, pour s'ouvrir à l'inconnu et lancer de nouveaux paris, maintenant que "nous sommes dans l'impossibilité de rêver à un état passé ou futur des choses. Littéralement, l'état des choses est définitif - ni fini, ni infini, mais dé-finitif, c'est-à-dire privé de sa fin". Jean Baudrillard dans "L'illusion de la fin" imagine le profil crépusculaire de cette fin de siècle comme un travail de deuil sur la perte irrémédiable des nostalgies paradisiaques et apocalyptiques. Début et fin du monde, de l'homme, se perdent dans un chaos dépourvu de signification "Le monde est là effectivement. Il n'y a aucune raison à cela, et Dieu est mort".

La prophétie nihiliste de Baudrillard est éminemment révélatrice des terribles angoisses de passage vers le troisième millénaire. Cependant quelques penseurs, et parmi ceux-ci Ernst Jünger, voient dans un proche avenir se répéter un grand cycle de l'évolution des mentalités : celui du Crépuscule des Dieux et du Retour des Titans. Scénario fascinant que cette retraite des dieux et du religieux, laissant la place aux figures actives dans le temps, l'histoire et la matière. Surgit alors l'image du plus célèbre d'entre eux: Prométhée, celui qui marqua l'avènement de la conscience, vola aux dieux distraits et oisifs le feu civilisateur et sortit les hommes de l'animalité, celui enfin dont le nom signifie étymologiquement "voir devant".

"Oui, dit Prométhée, j'ai délivré les hommes de l'obsession de la mort ... j'ai installé en eux d'aveugles espoirs ... je leur ai fait présent du feu ...de lui ils apprendront des arts sans nombre ".

(Eschyle, Prométhée enchaîné)

Si les dieux ont effectivement disparu et que s'ouvre devant nous une nouvelle ère des Titans, jusqu'à ce que les dieux soient réinventés, les descendants de Prométhée; destructeurs de monstres, libérateurs du joug des tyrans, fondateurs de villes, artisans, ingénieurs, inventeurs des arts, peuvent désormais se consacrer aux missions civilisatrices.

Quand les autels sont vides, l'art reste le meilleur indicateur de la toute puissance de l'esprit. Dans cette perspective, les passages donnant accès au troisième millénaire semblent bien emprunter les sentiers de la création.

 Genève, mars 1995 Françoise-Hélène Brou

 

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